Musée du Graffiti à Paris
Musée du Graffiti à Paris

Visite au musée du graffiti à Paris

Gregory, professionnel des métiers de l’image, nous accueille dans ce musée insolite niché au 20 passage du Ponceau en plein centre de Paris à quelques encablures du CENTRE POMPIDOU. Cet espace unique qu’il a créé est né de sa passion pour l’art de la rue, il propose de partager son regard sur cette pratique artistique paradoxalement méconnue. Depuis de nombreuses années, il enrichit sa collection en récupérant des œuvres de la rue qui allaient, de son point de vue, disparaître et qu’il fallait préserver. Il a eu l’idée originale de leur offrir un écrin de protection en les rassemblant dans ce lieu en hommage aux artistes qu’il expose.

L’espace s’étend sur 3 niveaux, selon une scénographie savamment organisée. Il commence la visite par nous expliquer qu’on a finalement du mal à situer précisément la naissance du tag et du graffiti. Il expose dans son lieu des graffitis créés à la fin des années 70, à l’époque c’est un art qui a du mal à être reconnu en tant que tel par le monde de l’art qui lui est totalement indifférent. Les esprits ont beaucoup évolué depuis une dizaine d’années, on fait d’ailleurs maintenant plutôt référence au street art, appellation mercantile du graffiti, alors que les marchands d’art et les grandes enseignes, ce qu’il déplore, en ont fait un enjeu d’argent et de promotion des produits qu’ils vendent, trahissant sa philosophie originelle d’art né dans la rue à partir d’un mouvement spontané et libre sans arrières pensées en dépit d’un message social marqué.

Il se défend d’être un voleur, alors même qu’il dérobe parfois les tags à la main, à l’aide d’un tournevis ou d’un cutter. Tous types de supports sont exposés dans son musée : des palissades de chantiers, des bouts de murs, des boîtiers électriques ou encore des boîtes aux lettres. Pour lui ce n’est pas du vol, mais le sujet semble le tarauder au point qu’il justifie sa démarche en se considérant comme un archéologue doublé d’un conservateur. Pour récupérer le mobilier urbain, Grégory assure faire des demandes auprès des propriétaires, il indique avoir récupéré un pan de mur du Forum des Halles lorsqu’il était en travaux pour 1€ symbolique. Il accepte très volontiers la critique et demande même à prolonger la discussion tant il est animé par sa passion. Il concède jouer avec le vide juridique qui entoure ces œuvres, n’étant ni propriétaire de l’œuvre, ni propriétaire de leur droit moral ; toutefois, pour limiter les risques d’ennui avec la justice, il récupère aujourd’hui surtout des autocollants.

Lui-même graffeur, il admet que le tag n’est pas toujours beau, mais qu’il fait toujours sens, c’est la raison pour laquelle il cherche toujours à décrypter le message plus ou moins caché et symbolique derrière chaque tag, graff, ou simple signature.

Alors, merci à vous Grégory, de nous exposer votre point de vue, qui selon vos propres mots ne sont pas la vérité mais juste votre regard, et de nous parler ainsi avec autant de passion et de culture de l’art et l’histoire de ces artistes de rue qu’ils soient devenus des stars ou restés selon leur souhait dans l’anonymat : BANKSY,TAKI183, COPE2, SHEPARD FAIREY, FUTURA2000, SEEN, AONE, BARRYMCGEE, C215 NECKFACE, JONONE, NASTY, MESNAGER, INVADERS, ANDRÉ, SKKI, HONET, STAK, KIDULT, TILT, HENRY CHALFANT, MR CHAT…

Entrée gratuite. Visite possible tous les jours du lundi au samedi, de 9 heures à 19 heures, uniquement sur rendez-vous. Réservation par mail à greg@arek.fr