Quelles sont vos influences ?

Je sens que tout influence tout. Ce qui se passe dans mon environnement immédiat ainsi que ce qui se passe dans le monde entier a une certaine influence sur moi. Plus précisément, je m’intéresse aux archétypes féminins dans la mythologie, aux connaissances indigènes, aux découvertes archéologiques de Marija Gimbutas et aux lectures d’Edward Wilson sur la biophilie. Les racines Incas de mon père m’ont toujours intéressée et la façon dont elles perçoivent la réalité et le monde naturel. Je ressens de ces origines qu’elles ont profondément influencé ma perception.

J’aime la poésie de l’écrivaine cubaine Dulce Maria Loynaz. J’ai trouvé une vieille vidéo Youtube des années 80 où elle était interviewée dans ses vieux jours pour un documentaire et j’ai été tellement touchée par elle que cela m’a fait pleurer. Comme j’aurais aimé la rencontrer. J’ai fait une pièce video en son hommage.

Lorsque je laisse mon instinct émotionnel et sensuel m’influencer, tout se met en place et j’apprécie davantage le processus.

Mais pour l’essentiel, la seule inspiration ou influence dont j’ai besoin vient de la mémoire que j’ai du passé, de l’information génétique que je possède et des expériences et des sens auxquels je suis connectée, non seulement dans le passé mais aussi loin dans l’avenir.

Vos obsessions ?

La pluie, la danse, les plantes, les étirements, les lignes et les paysages, le tissage, l’ASMR, la spiritualité, les archétypes féminins dans la mythologie, me perdre, les cycles de la lune, frijoles negros cubanos, les rituels, me retrouver, l’intimité, la terre et le corps.

Je suis obsédée par les gens et la nature mais comme les humains sont la nature c’est plus pur de dire que c’est le monde vivant qui me passionne et l’affinité entre tous les êtres vivants.

Mon obsession constante est de tisser mon sentiment et mes expériences personnelles sur ces sujets dans un langage visuel, peu importe le medium.

Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)

Je n’ai jamais été complément satisfaite de mes réalisations. Je pense que c’est ce qui me permet d’aller de l’avant en en créant de nouvelles.

Un moment qui m’a apporté beaucoup de satisfaction lors de la création d’une œuvre a été lorsque j’ai installé le réseau de fils de “Webmaking ritual” dans les jardins du Palais Royal pour Carré Latin, festival d’art contemporain latino-américain, où j’ai utilisé plus de 500 m de longues bandes de tissu et créé une tresse entrelaçant l’allée d’arbres. Un homme au visage inquiet est venu me voir et m’a demandé si les arbres étaient malades et ce que je faisais. Le regard de cet homme évoquait la pure empathie (pour ces arbres) et m’a donné un beau sentiment de satisfaction.

Emmenez-nous quelque part

Je veux vous ramener à l’endroit où j’étais lorsque j’ai répondu à ces questions ; en haut d’un arbre, ne me demandez pas comment je suis arrivée ici.

J’entends le chant des oiseaux, je sens l’herbe fraîchement coupée et je sens l’écorce de l’arbre s’enfoncer dans mes fesses.

C’est une belle journée ensoleillée, le printemps arrive et j’essaie de rassembler la force nécessaire pour redescendre et affronter ce nouveau monde post-confinement. Je suis terriblement lente, impatiente et anxieuse et je n’ai aucune envie de revenir à la “normale”.

Légende Photo :

Un Gesto con Tierra Blanca Dentro, July 2018