Quelles sont vos influences ?

Mes influences fonctionnent par phases, en ce moment par exemple, je travaille sur plusieurs cycles de scènes de genre réaliste. De ce fait, je consacre du temps à étudier le mouvement naturaliste en France au 19ème siècle, que ce soit en littérature avec Zola ou Maupassant, ou en peinture avec des peintres naturalistes célèbres comme Jean-François Millet ou bien moins connus comme Rémy Cogghe et Emile Friant.

Si je devais résumer et établir une liste, je dirais que j’ai un peu construit ma réflexion picturale autour d’une dizaine de peintres, qui constituent pour moi des repères assez forts dans ma pratique de la peinture : pour le paysage Nicolas Poussin et Claude Lorrain, pour les scènes de genre Caravage, Georges de La Tour et Félix Vallotton, et pour la couleur Paul Cézanne et Kandinsky.

Vos obsessions ?

Mon obsession principale, c’est la cohérence de l’œuvre. Je travaille sur des cycles narratifs d’images vraiment très différents, et je suis obsédé par les liens picturaux ou narratifs qu’ils peuvent entretenir entre eux.

Un exemple, je travaille actuellement sur la représentation de danse contemporaine d’arbres dans des parcs, et parallèlement, j’entame un cycle de scènes de genre représentant des préparateurs de commandes travaillant dans un stock de fruits et légumes. Quel est le lien ? Le traitement baroque de la courbe de l’arbre en mouvement fait écho au dessin parfois torturé des corps au travail, j’essaye d’orchestrer ces similitudes et de les affilier à la manière d’un arbre généalogique, selon les méthodes de travail d’un Zola, à ma façon bien sûr.

Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)

Il y a un tableau que j’affectionne particulièrement non pas par la qualité de la réalisation de l’œuvre mais parce qu’il m’a vraiment mis le pied à l’étrier sur le cycle « des histoires naturelles », une série de scènes de genre dans laquelle je représente les drames naturels et communs de la vie urbaine.

Il s’agit d’un jeune homme avec un bonnet et en survêtement vert qui se prend la tête devant une plante. Le tableau est vraiment parti de rien, d’une photo prise comme ça sur le vif d’un ami alors qu’on attendait patiemment l’heure du train dans un appartement. Alors que rien ne faisait penser que j’allais en faire un tableau. Finalement, c’est avec cette peinture que j’ai vraiment saisi ce que je voulais faire avec la scène de genre : révéler nos drames personnels et nos failles intimes.

Emmenez-nous quelque part

Il y a 2 ans j’ai eu une obsession autour de l’architecture Art Nouveau, j’ai étudié de près l’œuvre d’Hector Guimard, l’un des représentants majeurs du mouvement Art Nouveau en France, et j’ai visité un certain nombre de ses réalisations.

Je vous invite à partir découvrir le Castel Béranger, un des chefs d’œuvres de l’architecte, ce bâtiment de logement construit en 1898, est situé au 14, Rue Jean de la Fontaine dans le 16ème arrondissement.

Ce bâtiment est un concentré d’imaginaires : dessins floraux, agitation du fer forgé portée à l’extrême sur la porte d’entrée, impression d’un manoir imaginaire entre rêveries gothiques et visions d’étrangeté.

Légende Photo : “Nous danserons un jour ensemble” , Huile sur toile, 195 x 260 ( dytique ), 2020

Crédit photo : Suzan Brun