Quelles sont vos influences ?

Chez les anciens, Dürer, Caravage et le Greco. J’aime bien l’art qui touche au sacré en général, les trucs habités, j’apprécie beaucoup l’art brut pour ça.
En ce moment je regarde beaucoup vers la sculpture contemporaine à cause de ma pratique de la céramique.
Pour les contemporains, j’admire depuis longtemps le travail de Trenkwalder et de David Altmejd…
Chez mes compatriotes, pour n’en citer qu’un, Pierre Seinturier (galerie Vallois), pas seulement parce que c’est mon ami mais aussi parce qu’il est un grand peintre/dessinateur/musicien.
On se retrouve souvent pour discuter des turpitudes de la création artistique.
Un coup de cœur permanent pour finir, avec Allison Schulnik…. « Touche-à-tout » de génie, aussi douée en animation, qu’en céramique, qu’en peinture.
Dans l’ensemble j’admire ces artistes dont on a l’impression qu’ils habitent l’univers qu’ils ont créé.

Dans les influences moins nobles, je suis sûr que “les chevaliers du zodiac” ou “Ken, survivant de l’enfer” que je regardais pendant le club Dorothée,  prennent autant de place que la culture que je me suis faite ces dernières années…
Mes amours adolescents pour le black-métal satanique, la techno hardcore gavée aux acides, le milieu mortifère de la moto… où il est souvent question de vitesse, de puissance et de mort…

Tout ça se retrouve dans ce que je fais d’une manière ou d’une autre. Même si aujourd’hui j’ai 37 ans, deux enfants, j’ai échangé ma moto contre un four à céramique, et au lieu de traîner dans des squats le samedi soir je reste en famille à la maison.

Vos obsessions ?

Le sacré, et comment le retrouver dans mon travail quand on ne croit pas en dieu, que l’on a plus de grands idéaux politiques, d’absolu… mais à la place beaucoup de doutes et de questions.
En inspiration, il y a bien sur les grands classiques : la violence, le sexe, la beauté, les passions, la nature etc.… la vie en somme. Ça fait un peu ringard mais bon on ne se refait pas.

Une autre obsession est aussi la peur de m’enfermer dans une esthétique sombre…
C’est un automatisme dont j’essaye de me libérer. Jusque-là c’est raté mais je ne désespère pas.

Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)

En général la dernière création.
Ma série d’armures en céramique que j’ai montrée à la biennale de Paname. Pour l’instant je l’apprécie toujours, mais c’est un sentiment qui tend à disparaître assez vite.

Un bon résumé de ce que j’aime faire : Des kalachnikov/serpents, des godemichés/chiens, une jungle luxuriante qui dévore la chair, des volcans, des jambes écartées, de l’or, du sang, des idoles. Je me suis beaucoup amusé en travaillant.

J’ai retrouvé des céramiques que je faisais quand j’avais 8 ans.
Il y avait déjà des monstres, des crânes …. Je fais la même chose 30 ans après,
malgré toute mon éducation, mon expérience…de toute façon mon travail consiste à faire des dessins, mettre de la couleur avec des pinceaux, jouer avec la terre, faire des découpages…. C’est forcément un peu rétrograde.

Emmenez-nous quelque part

En enfer.
En ce moment comme je n’ai pas accès à mon atelier, je peins sur des images découpées dans des magazines de mode, autour du thème de la divine comédie.

Je donne ma vision de l’enfer, dans la lignée de Gustave Courbet, Botticelli et William Blake…ça fait longtemps que cela me fascine.
Et quand je serai un peu plus mature je pourrai m’attaquer au paradis mais bon pour l’instant je trouve ça un peu chiant comme sujet.

Légende Photo :

Golgoth Ultra, 2018. Céramique, 62 x 34 x 18 cm