Quelles sont vos influences ?

Je pense avant tout au dessinateur Fred, qui est l’auteur des bandes dessinées “Philémon” et qui est la toute première œuvre qui m’a très fortement marqué avant l’apprentissage de la lecture. J’y ai découvert un univers fait de states successives où la lecture est sans cesse renouvelée.

En débutant mes études j’ai découvert l’autoédition, les fanzines et parmi eux les éditions du ” dernier cri” à Marseille, qui m’ont montré une façon de dessiner que je n’avais alors jamais imaginée, que je ne pensais pas “possible”.

Puis Il y a eu par hasard un artiste français, José Maria Gonzalez, dont la série d’acryliques ” Walk on the lake ” m’a définitivement convaincu de devenir peintre.

Au même moment j’ai découvert l’œuvre de Charles Juliet, ses journaux notamment, et corrélée, l’œuvre de Bram Van Velde et une première ouverture vers la peinture abstraite de la deuxième moitié du XXème siècle.

C’est tout un champ qui s’est alors ouvert, d’un coup, et différentes générations.

Parmi les artistes qui reviennent le plus souvent je pense dans le désordre : Shitao,  Sam Francis, Morris Louis, Guston, Katz, Gorsky, Milton Avery, Frankenthaler, Owens,, René Daniels, Raul de Keyser, Kirkeby, un minime de  de Sheila Hicks puis Kai Althoff, Matt Connors, Yokoyama, Ware, Clowes, André François, Steinberg, Ungerer, Tal-R, Piffaretti, Bill et Horni,…et tant d’autres.

Bien sûr, et plus encore il y a celles et ceux de ma génération, si nombreux.ses.

Enfin j’aimerais citer des amis, et pairs qui m’ont marqué sans commune mesure, ce sont les dessinateurs Clément Vuillier et Yann Kebbi, et les peintres Louis Granet et Stéphane Calais.

Vos obsessions ?

Elles fonctionnent par épisode et trouvent toujours une place dans mon travail.

Pendant cette période de confinement j’ai travaillé exclusivement sur deux sujets, des marécages d’une part, dans lesquels je me rendais quotidiennement et qui me semblaient très à propos du moment que l’on traversait ; un endroit qui paraissait autonome, presque à l’arrêt. Comme une cellule close, couverte d’un feuillage en forme de dôme et qui était propice pour développer de courtes narrations fantastiques qui ont nourri beaucoup de peintures.

D’autre part il y a les pierres précieuses, les gemmes, plus largement la géologie vers laquelle je me tourne aujourd’hui : l’idée qu’un objet fermé, à l’enveloppe sans valeur, laisse la possibilité d’imaginer qu’il recèle un trésor.

Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)

La dernière série que j’ai terminée et qui prend appui sur les sujets que j’évoque juste au-dessus. Ce sont 25 petites encres sur papier ; comme un journal, qui sont la résultante du temps passé dans les marécages. C’est un endroit très petit, qui donnait peu à voir. En m’y consacrant exclusivement pendant sept semaines, j’ai eu l’impression d’être contraint de creuser le même filon, de retravailler chaque jour à partir du même sujet.

Évidemment, dans cette étroitesse, se présentent des lassitudes, des ennuis successifs. En continuant, en forçant l’observation et en l’épuisant, des récits imaginaires prennent peu à peu le relais comment autant d’ouvertures possibles en s’appuyant sur tel détail qui m’avait échappé.  Je continue de travailler ce procédé, délaissant sans doute de plus en plus l’objectivité du sujet initial, pour peut-être à terme m’en affranchir.

Je suis également heureux d’observer que mon travail est sensible, même de loin, à un contexte aussi particulier ; qu’il ne cohabite pas dans l’indifférence avec ce que nous sommes amenés à traverser.

Emmenez-nous quelque part

Les terrains de foot, fermés pour le moment sont sans aucun doute les espaces qui me manquent le plus durement.

J’y ai un attachement depuis très longtemps et les mois d’été à venir sont les plus beaux pour y jouer.

Là où j’ai grandi, il y a de petits stades un peu partout, le sol est en pelouse synthétique, pleine de sable. Je les ai cherchés et les ai retrouvés partout où j’ai vécu, en banlieue, à Strasbourg, maintenant à Paris.

Au mois de juin, on peut y jouer jusque tard, jusqu’à ce que la nuit empêche de distinguer la balle. Il y a du monde tout autour, ça sent une odeur très particulière comme du plastique chauffé, ça court, ça crie, ça râle, on s’y épuise.

Ce sont pour moi parmi les meilleurs moments possibles et alors, rien n’est plus important.

Ces terrains ont eux aussi, à un moment, trouvé leur place dans de nombreux projets.

Site d’ Idir : https://cargocollective.com/idirdavaine