Lenny Rébéré
Crédit Photo : Melissa Boucher

Quelles sont vos influences ?

Je partage mes influences entre des lectures diverses, (Georges Didi-Huberman, Bruce Bégout, des romans de Kôbô Abé ou encore les écrits de Pier Paolo Pasolini), et des travaux d’artistes avec lequel mon travail s’est construit et continue d’évoluer : je pense par exemple à certains artistes du réalisme capitaliste, comme Sigmar Polke et son goût pour l’expérimentation, ou à l’école de Leipzig avec notamment Neo Rauch et ses peintures aux espaces multiples.
Mais la base de mon travail dépend beaucoup des médias, des technologies et des outils sensés faciliter notre quotidien, les réseaux, les fluxs continus d’information de plus en plus visuels. En un sens plus large, c’est l’image qui influence mon travail, en étant à la fois le sujet et l’outil.

C’est pour cette raison qu’aujourd’hui je suis plus attentif aux travaux artistiques comme ceux d’Erik Kessels, de Céline Duval ou de la série The traveller de Jens Sundheim pour ne citer qu’eux.

Ce qui m’intéresse, c’est cette notion de récupération, de replacement artistique de l’image selon ce qu’elle représente, son origine, son usage, et la façon que nous avons de l’appréhender.

Vos obsessions ?

Ce qui ressort le plus souvent de mon travail plastique que ce soit en dessin, en peinture ou en vidéo, c’est l’importance de l’image et de sa contextualisation, la manière dont nous la percevons et quels sont ses influences sur nos interactions sociales ou notre construction personnelle. Il y a toujours cette idée qu’une image est une recomposition par le cerveau entre ce qui est perçu et ce qui est issu de la mémoire et de la conscience collective.

C’est une manière pour moi de réinterroger la notion de culture contemporaine qui trouve sa source dans ces images et qui contribuent finalement à construire une culture de l’écran. Je suis très préoccupé par l’idée de faire une archéologie de la société par rapport au flux d’images qu’elle produit en continu.

Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)

Je n’ai jamais eu l’occasion de présenter entièrement le projet «Galaxy», qui est un ensemble d’œuvres prenant deux formes plastiques. J’ai commencé à m’intéresser à des images de vidéos live à partir de 2018, qui sont en fait de simples webcams placées à divers endroits du globe et qui sont disponibles gratuitement.

À l’origine, l’œuvre était composée de 6 écrans vidéo qui diffusaient des détails pixellisés d’une captation de 24H de l’une de ces webcams avec une ambiance sonore assez mystérieuse et oppressante qui englobait la salle d’exposition.

J’ai choisi de réutiliser ces images pixellisées pour les retranscrire sur des petits miroirs gravés. J’aime ce projet qui a évolué de la vidéo au miroir, car dans les deux cas il force le spectateur à se placer en interaction avec ces images énigmatiques et l’espace d’exposition, et à porter un regard analytique sur un système qui se construit par l’image.

Emmenez-nous quelque part

Je viens de découvrir Human.online, un site mettant en relation vidéo de parfaits inconnus et de toutes nationalités. L’idée est simplement d’avoir une interaction muette, le temps d’une minute, à travers un échange de regards par webcams interposées. À l’heure du confinement, c’est une expérience bienveillante que je trouve assez belle et rassurante.

Légende Photo :

“Sans-titre, 2017, verres gravés et encrés, métal, 280 x 300 x 80 cm”