Vos Influences

Mes influences peuvent provenir d’expériences personnelles, de sensations éprouvées au contact visuel avec des œuvres mais aussi de petits évènements simplissimes comme un regard qui se perd, j’aime beaucoup observer une personne dont les yeux semblent se concentrer sur un élément invisible aux autres.

La première a été le Nosferatu de Murnau en 1989. Il s’agissait de la version musicale de Hans Posegga qui reste la plus moderne selon moi ! (Introuvable aujourd’hui). La mise en scène expressionniste et les images teintées m’ont marqué très très jeune. C’est donc le cinéma qui a été la première source.

La peinture est une part importante des œuvres qui ont eu des influences sur mon travail, la peinture Flamande, certaines séries de Richter, l’école de Dusseldorf en photographie, Hans Bellmer (en photo).

J’aime découvrir les œuvres de mes amis comme Simon Martin, Dune Varela, Jean Baptiste Boyer, Jehanne Mahmoud, Thomas Hauser et d’autres.

La matière aussi, primordiale dans mon travail pour rendre compte du temps qui passe, des affections de la création et de mon ressenti.

J’aborde mes photographies comme des prises de vues qui vont devoir se mettre à réagir avec des éléments. Cette prise de vue a besoin de matière pour se mettre à exister pleinement. Mes photographies sont souvent picturales.

Vos Obsessions

Je suis « obsédé » par les visages, cela se devine avec mon travail photographique. Je suis comme déconnecté lorsque je croise un visage qui m’inspire profondément, si on me parle je n’entends plus, si je marche je m’arrête net : je suis capable de fixer un visage dès que je l’aperçois (personne n’a jamais été gêné, on doit peut-être sentir qu’il s’agit de quelque chose de très simple et de sincère !)

Je suis également « obsédé » par les prises de photographies, la manière de montrer ce que je ressens face aux émotions qu’expriment les personnes que je prends en photo.

Je suis dans une grande concentration presque maniaque pour y parvenir.

Je ressens une forme de frustration au moment de régler l’énorme chambre photographie que j’utilise et qui me sépare du visage de la personne, cette boîte m’apparaît comme un obstacle, certes utile mais qui ne saisit pas naturellement ce qui est en train de se produire, et à qui il faut réapprendre à chaque fois à traduire mes propres sensations et émotions.

Une forme d’excitation s’y mêle évidemment, je prends en photo moins d’une dizaine de visages par an, lorsque je croise une personne qui doit être photographiée c’est une passion qui s’exprime, il va falloir montrer l’étendue des expressions les plus naturelles possibles, réussir à exprimer nos deux volontés réunies sur la photo.

Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)

Ma nouvelle exposition présente 25 portraits que je vous laisse venir découvrir, je vous parlerai donc de la photo de Raya qui a fait l’affiche de l’exposition l’année dernière chez Laure (Laure Roynette ma galeriste).

Elle ne montre que la partie haute de son visage mais me semble très expressive. Son regard apparait concentré et multiple. On ne voit pas ce qu’exprime sa bouche mais libre à chacun de s’y projeter.

Cette façon de montrer Raya est inédite, étant une personnalité de la vie parisienne et dans la vie qui s’exprime dans son plein, elle est toujours montrée entièrement.

Ici nous la trouvons peut-être songeuse, ce qui coupe net avec les représentations Fashion qui l’ont souvent dépeintes comme une amazone Trans.

L’exposition que nous avons rouverte mardi 12 Mai après le confinement (elle n’aura ouvert que deux jours en Mars) me permet de montrer une nouvelle série de photographies sur les identités de genre.

C’est la première fois que j’accroche une Série entière de portraits.

C’est mon deuxième solo show et seulement le premier qui ne traite que de ces questions. Je suis particulièrement fier de pouvoir le faire.

Ce sont des photographies issues de mon travail plasticien sur le temps, la tangibilité et le corps.

Emmenez-nous quelque part

Je vous emmène dans mon installation « Sans détour » créée pour mon atelier en Bourgogne.

Deux corps nus se confrontent. Ils sont écrasés l’un contre l’autre et n’ont aucun espace pour s’éviter. On découvre qu’ils sont entre deux plaques presque invisibles, à la verticale, formant un couloir et écartées de quelques dizaines de centimètres où un seul corps peut traverser. Ils cherchent à se dépasser l’un et l’autre pour parvenir au bout opposé. Il va falloir que les corps se rencontrent, se percutent et ne forment qu’un seul corps évolutif.

J’ai souhaité pousser mon travail sur les identités vers une nouvelle forme.

Cette pièce a été créée pour Raya Martigny et Luc Bruyère, deux artistes qui me sont chers et qui partagent une importante part de leur temps ensemble.

Ce sont deux êtres humains incroyables qui forment un couple hors-norme. Raya étant une femme qui transcende les attentes hétéronormées et Luc un artiste entier et dont le corps exprime une subtile et forte impression. Les prendre en photo dans un espace restreint me fascine depuis quelques temps déjà. Il s’agit d’une performance prise en photo par le biais de mon travail de plasticien.

Légende Photo :

Exposition “Se nommer soi-même “, 2020, à la Galerie Laure Roynette