Marion Verboom
Portrait : Crédit Vincent Ferrane

Quelles sont vos influences ?

Jorge Luis Borges, Roger Caillois, Merlin Stone, Gaston bachelard, Henri Focillon, Paul Klee, Ann Truitt, Eva Hesse, Brancusi, Alice Aycock, Richard Deacon, Didier Vermeiren, Ettoree Sottssas, Germaine Richier, Eduardo Chilida, Hilma af Klint …

Vos obsessions ?

L’observation des mouvements et des lentes modifications générées par des successions, des adjonctions et des accroissements et ce dans différents domaines que ce soit dans la géologie, la botanique ou l’archéologie, la cosmologie ou la physique, mais l’art aussi.

Je ne sais pas si je suis plus fascinée par le concept abstrait du temps ou sa représentation dans la matière. Je trouve les concepts scientifiques véritablement inspirants.

J’aime chercher à comprendre même si bien souvent je suis très loin du compte.

Mes tentatives de compréhensions passent nécessairement par la construction dans ma tête d’une forme, d’une représentation pour identifier l’infiniment petit ou l’infiniment grand, me faire une idée de ce temps long ou fractionné.

Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)

Chaque naissance de pièce dans mon atelier est un défi. Donc quand c’est abouti je suis extatique, et quand c’est raté je suis effondrée.  Mais les deux situations sont importantes et participent à l’évolution de mon travail et c’est ce cheminement de recherches que je trouve le plus intéressant.

La dernière œuvre est toujours la meilleures ou la plus importante. La pièce Tectonie par exemple car je l’ai produite pour une exposition réalisée par des commissaires et des artistes que j’admire (Infinite Sculpture : from the antique cast to the 3D scans).

Emmenez-nous quelque part

Ma dernière promenade avant le confinement était dans la forêt du mont Wellington en Tasmanie. J’ai suivi un chemin, c’est plus facile de rencontrer des animaux et bien prêter attention à ce que je croise quand je suis seule.

Là-bas, on y trouve des orgues en Dolerite, des arbres qui craquent, beaucoup de troncs calcinés car le feu fait germer les graines de certaines espèces, des matelas de mousse verte presque fluorescente. J’ai vu un couple de tawny frog mouth, une sorte de chouette avec un visage très étrange, il ressemble à celui d’un mammifère ou d’une grenouille avec un bec. Le chemin était parsemé de troncs d’arbres tombés gigantesques dans lesquels un petit passage avait été taillé à la tronçonneuse.

Les fougères monumentales meublent les creux. Le territoire m’a laissé une impression d’immersion dans une autre ère que la nôtre. Les espèces auraient muté et se seraient mélangées les unes aux autres, la nature puissante aurait fait exploser les échelles de taille, et magnifié les couleurs de la végétation.

Légende Photo : Détail de Sans titre (Chloé)