Nu Barreto
Crédit Photo : Isabelle Balestrieri Dükü

Quelles sont vos influences ?

La liste peut être longue tant l’appréciation des courants, des styles et des périodes marque un choix diversifié et varié. Cette appréciation embrasse parfois les déterminations et la qualité ou génie de certains/es artistes.

Très à l’écart des influences directes, j’ai depuis toujours tracé une ligne personnelle dans mon écriture graphique et contemporaine.

Rembrandt, Caravaggio, Willem de Kooning, Lucien Freud, Paula Rego, Toulouse Lautrec, Odd Nerdrum, Francis Bacon, David Hammon, JM Basquiat, Camille Claudel, Ernesto Shikhani, sont pour en citer que ceux-là, les pointes d’une référence admirative. Zao Wou Ki, Anselm Kieffer, Christian Boltanski, Cesar, Armand…

Vos obsessions ?

La perpétuelle insatisfaction et l’incompréhension du comportement des êtres humains (F/H) et leurs imperfections, me poussent à mener un combat artistique à travers ma ligne idéologique, tant engagée et criarde. 

Bien évidemment l’essentiel est de mettre à la lumière du jour, les parties cachées ou voilées. Celles-ci  font parties d’une démarche assurée et assumée tout au long de ma carrière.

Ainsi est né ce besoin si particulier d’un usage du Rouge comme couleur appréhensive et abrasive, présence de forme constante et poignante, accompagnant ma création. Le Rouge est une obsession vitale. Rouge violent, Rouge saisissant, Rouge ardent, Rouge patient, Rouge fortifiant, Rouge claquant, Rouge pertinent, Rouge dérangeant, Rouge absorbant, Rouge captivant, le tout sur un amas de morphologie perturbé et inquiétant. Ceci à la recherche du bon sens.

Parlez-nous de l'une de vos réalisations ou expositions dont vous êtes le/la plus satisfait(e) et/ou qui vous a rendu(e) heureux(se)

Au lieu d’une exposition, permettez-moi d’en citer deux. 

Ma première exposition individuelle en Afrique, Fil Rouge (Guirandou Gallery-Abidjan/Côte d’Ivoire) à cinquante ans, fut entachée d’un événement tragique, douloureux, bien évidemment inoubliable.

Mon deuxième choix, revient à ma première exposition individuelle (Africa- Renversante, Renversée) à ma galerie actuelle, Nathalie Obadia. La prouesse de réaliser des oeuvres de grandes dimensions en un temps limité, et de montrer une exposition qui marquera ma vie. Je venais à peine de rentrer chez Nathalie Obadia.

Emmenez-nous quelque part

Si Nathalie Obadia est connue par tant de gens, tant des gens aussi ne la connaissent que de nom. La preuve ne m’a pas manqué. Je faisais partie de la deuxième catégorie. 

Contrairement à d’autres, pas de façon assidue, mais aléatoirement, je visitais incognito sa galerie , et j’en ressortais pensif.

Marrakech-24/02/2018. Lors de cette première édition de la 1:54 ArtFair Marrakech, nous nous sommes rencontrés pendant la foire devant le stand de ma galerie de l’époque.

D’habitude, mon absence du stand me réjouit, j’avais prédit d’exaucer ce voeu tant aimé par convenance. Ayant aussi un rendez-vous avec un collectionneur, je me suis convaincu qu’il fallait honorer ma promesse, d’autant plus que c’était  une rencontre avec une famille qui adorait mon travail.

Parlant avec des visiteurs devant mes oeuvres étalées par terre, derrière moi j’entendais une conversation entre deux voix féminines. L’une disait : « je le connais, on a déjà travaillé ensemble dans un projet … » et l’autre disait : « moi je veux acheter cette oeuvre, et il est où l’artiste ? ». En me retournant pour me présenter poliment, j’ai fait connaissance par la même occasion d’une amie en commun, Roxana Azimi, journaliste d’art, avec qui j’avais travaillé par mail et téléphone pour un autre projet. Et de Nathalie Obadia.

Pour être sincère, sur le coup, après la présentation de Nathalie Obadia, j’avoue qu’aucune liaison ou connexion à son nom ou à sa galerie me revenait. Un blanc total.

Après les instants de discussion, Nathalie Obadia fût directe comme à son habitude, et m’interpella avec des questions. Vous avez une galerie à Paris? En répondant une virtuelle, elle me reprend, Non … virtuelle, virtuelle… tout le monde veut du virtuel … Je parle d’une galerie physique. En me félicitant pour mon travail présenté, elle m’invite à intégrer sa galerie, me précisant que j’étais le bienvenu.

De retour à Paris, quelques temps après, nous nous sommes revus à mon atelier et avons scellé notre collaboration.

La rencontre à l’atelier, fût le point de départ ou de la naissance du projet Africa- Renversante, Renversée (projet en gestation à ce moment-là), ma première exposition individuelle qui marquera mon arrivée au sein de cette prestigieuse galerie …

Pour la préparation de cette exposition, Nathalie Obadia m’a convié à aller à la galerie pour la première fois et en même temps, m’a présenté à l’équipe avec qui désormais j’allais travailler, selon ses mots. Pareillement pour l’équipe de Bruxelles.

Seulement avec les esquisses des oeuvres, elle avait déjà tout placé dans l’espace et m’a laissé une copie du plan, gardée en souvenir.

En effet, on a quasiment gardé toute la scénographie initiale et les oeuvres épousaient réciproquement l’espace.

Le vide laissé dans mon atelier après l’enlèvement des oeuvres m’intrigue toujours. Silence.

Légende Photo :

J’ai Trop Peur (Détail) – Crayon rouge et noir, collage, acrylique/papier. Dim: 70 /100 cm – 2018