SNAP TIME IS OVER du 19 mai au 12 juin à la Galerie VALENTIN
SNAP TIME IS OVER du 19 mai au 12 juin à la Galerie VALENTIN

SNAP TIME IS OVER : du 19 mai au 12 juin, exposition collective à la Galerie VALENTIN fruit d’une carte blanche à Marianne DOLLO

Nos sociétés ne cessent d’évoluer dans leur rapport au temps. Un temps qui s’accélère implacablement pour sacrer le règne tyrannique de l’immédiateté.

Nos pensées, nos paroles et nos actions se succèdent comme des claquements de doigts.

Entre désir et urgence, leur intensité est rythmée par une vaine et paradoxale recherche d’éternité. Cette sensation de fuite du temps se double d’un besoin de le dominer et de le posséder en l’accélérant.

On le sait, les artistes sont le miroir de leur époque qu’ils représentent, critiquent, caricaturent ou embellissent. Mais leur force demeure surtout dans leur faculté à anticiper le monde de demain. J’ai choisi de réunir dans l’exposition « SNAP TIME IS OVER » de très jeunes artistes qui, sans prescrire un retour au passé, prennent le contrepied de ce constat et avancent, chacun à leur façon, dans une réflexion et démonstration commune d’un nécessaire temps long.

Mélissa Boucher, Elvire Caillon, Léa Dumayet, Marion Flament, Adrain Geller, Louise Janet, Vincent Laval, Claire Nicolet

Conscients des dégâts sournois occasionnés par un culte ravageur voué à l’instantanéité, ils nous invitent à nous soustraire de cette aliénation miroir de nos égotismes, pour retrouver le goût de la nature et celui de la relation à l’autre, tout simplement.

Le sauvetage de notre environnement survivra-t-il à cette normalisation du temps réel ?

Question implicitement posée par l’artiste-marcheur Vincent Laval qui puise son inspiration au cœur des forêts où il piste les indices du temps. Il y cueille des morceaux d’arbres pour réaliser des œuvres qui retranscriront ses sensations en volume par la sculpture, ou en image par la photographie.

Interrogation partagée par Adrian Geller qui dans ses peintures-fables à la narration puissante et sensible oppose l’homme et la nature dans leur combat inégal et féroce, allant jusqu’à intégrer dans ses accomplissements des techniques artisanales fidèles à sa conception d’un modèle économique décroissant.

Ce thème est également très cher à Léa Dumayet qui vient nous questionner par sa pratique sculpturale alliant dans un fragile équilibre des produits manufacturés et des matériaux naturels, toujours placée à l’extrême limite du point de rupture.

C’est encore de la beauté du temps transformé dont il est question dans le travail sur verre de Marion Flamentné de son observation des phénomènes physiques et des sensations qui se dégagent de notre expérience du quotidien, avec comme vecteur transversal la lumière révélatrice de la matière.

Mélissa Boucher a choisi d’approfondir continûment sa pratique de la photographie de l’intime pour mieux explorer et révéler son ambiguïté, n’est-ce-pas là une preuve de résistance aux multiples instantanés postés sur les réseaux sociaux ? Tout comme sa confrontation sans détours à la matière de la pellicule dont elle malmène les images, les effaçant, les découpant, les zoomant en quête d’un sens souvent caché.

Il y a les personnes qui se soumettent à la frénésie de l’instant, dans une sorte de servitude volontaire, en feignant parfois de vouloir y échapper pour finalement mieux l’étreindre.

Et fort heureusement, il y a celles qui préfèrent prendre le temps. Celui d’admirer de beaux paysages, comme ceux de Claire Nicolet, où l’architecture et la végétation dialoguent harmonieusement dans un décor inhabité et idéal de beauté, dont le motif parfait et répété éprouve le passage du temps, interprétation sublimée de la réalité.

 Ou encore celles qui se préoccupent des gens. Elvire Caillon s’intéresse à ce qui les rapproche ou les éloigne les uns des autres. Elle les peint dans des scènes quotidiennes de vie tranquille et heureuse, aux couleurs vives et suaves. On envie cette plénitude même si elle s’apparente à un monde certes parfait mais utopique. On se laisse bercer par la densité et l’énergie des compositions qui invitent sincèrement à la fraternité et la solidarité.

Les gens sont aussi au cœur du travail de Louise Janet qui dans ses dessins extrêmement denses et saturés deviennent malgré eux les acteurs impuissants d’un monde encombré et jamais rassasié. Ces illustrations, telles une épopée de la banalité, conservent la trace de tous ces moments que l’on oublie avant même qu’ils aient cessé d’exister.

Le temps étant une illusion, le moment de changer d’ère et de rompre définitivement avec cette croyance dévastatrice selon laquelle le bonheur se trouve dans l’immédiateté n’est-il pas enfin venu ?

Partir « A la recherche du temps perdu » est le propos de l’exposition « SNAP TIME IS OVER » portée par le talent et l’énergie créatrice de 8 jeunes et merveilleux artistes.

https://www.galeriechezvalentin.com